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ISBN : 978-2-8240-0611-6 — auteur : Valèri Bernard — langue : occitan (provençal) — format : 15x21 cm — nombre de pages : 164 — illustrations : sans.
Malan, un anarchiste et son ami Estève (Etienne), peintre sensible et amoureux de la vie et de la nature, sont tous deux en rupture avec la société, et partent courir le pays à l’image des bohémiens qu’ils rencontrent e suivent. Cette équipée se traduit pour Malan par un voyage au bout de lui-même. Ses idées anarchistes se mariant mal avec l’esprit identitaire de cette communauté, ses relations avec les bohémiens se détériorent peu à peu. Pour eux, Malan sera celui qui porte le malheur (Malan, en provençal signifie « malheur »). Mais il prendra conscience que son adhésion à l’idéal libertaire n’est qu’illusoire et cela le poussera à une sorte de folie et tout se terminera pour lui dans un endroit emblématique, aux Saintes-Maries-de-la-Mer, lieu sacré pour les gens du voyage qui, quelque temps après, venant de partout, s’y rencontreront chaque année. Les Saintes-Maries est aussi l’endroit que Frédéric Mistral avait choisi pour la mort de Mirèlha, l’héroïne de son chef-d’œuvre du même nom. Valère Bernard, qui leur consacra bon nombre de poèmes peint ici la communauté des Bohémiens, peuple pauvre mais fier, maudit et rejeté par la société qui le considère comme un danger pour l’ordre social. Il connaît, pour les avoir côtoyés, leur manière de survivre, leurs superstitions et leurs coutumes, leur méfiance à l’égard de ceux qui n’appartiennent pas à leur monde, leur ruse et leur perversion, mais il sait aussi qu’ils sont capables du pire comme du meilleur. Grâce à sa sensibilité de peintre, il sait décrire avec réalisme les soirées autour du feu, où musique, chants e danses enflamment les corps, les attitudes et les regards des bohémiens comme la beauté des jeunes femmes fières mais soumises aux règles de la communauté. Comme dans son roman Bagatoni, cet ouvrage est une sorte de constat d’échec d’une utopie généreuse et tentante, et l’art et l’action politique ne réussiront pas à bonifier la société.
Valère Bernard, né à Marseille en 1860, fut à la fois peintre, sculpteur, graveur et aquafortiste de talent – il sera professeur d’esthétique à l’Ecole des Beaux Arts – et romancier, nouvelliste et poète. Félibre, il sera capoulier (président) de l’association de 1903 à 1918. Il se rapprochera de l’occitanisme littéraire et linguistique et participera a la fondation de la Societat d’Estudis Occitans. Il s’éteindra, aveugle, en 1936. Son œuvre littéraire, poésie ou prose, mêle idéalisme philosophique et réalisme qui s’accompagnent souvent d’une quête mystique de l’auteur qui cherche un « au delà » du réel dans le réalisme. L’œuvre de Valère Bernard s’élève au dessus des thèmes félibréens de l’époque par ses préoccupations philosophiques et sociales et aussi par sa signification spirituelle.